Moi j’aime pas Halloween ! Voici un récit pas mal du tout que je vous invite à lire sur Halloween et qui a été rédigé par Lucile Vagner-Police
Et d’ailleurs, il est hors de question, cette année, de céder et de laisser place dans la maison à des hordes de monstres hideux et affamés de sucreries (mauvaises pour les dents, comme chacun sait). Mais… pourquoi tant d’animosité, au fait ?
Parce que c’est une importation en direct des US ? Oui, comme les trois quarts des jouets et héros chéris de nos têtes blondes. Et puis l’Amérique n’a pas bonne presse par les temps qui courent, et peut-être moins encore chez les parents capables de remettre en question un certain nombre de ses « apports ». Pourtant, en l’occurrence, pourquoi bouder son plaisir ?
Parce que c’est une vaste opération marketing, montée de toutes pièces ? Certes, mais qui fait la tête si on ne lui souhaite pas la Fête des Mères ? Ou la Saint-Valentin ? L’effet est le même pour Halloween, on vous force un peu la main, et vous n’aimez pas cela – à juste titre. Pourtant, difficile d’y échapper complètement : une légende tenace veut, par exemple, que jusqu’à ce que Coca-Cola s’en mêle, notre très traditionnel Père Noël rouge, alors Santa Klaus, ait été représenté… en vert !
Effet « consommation tous azimuts » redoublé par la connotation fête païenne, apparemment déconnectée de toute dimension spirituelle – apparemment seulement, puisqu’il s’agit de la veille de la Toussaint, ou fête de tous les Saints : « all hallows eve’ »… et donc de la fête des Morts. La même que celle qui nous pousse à fleurir les tombes de nos chers disparus chaque année – eh oui !
Et puis, franchement : combien d’enfants se souviennent, sous la débauche de catalogues de jouets et de repas pantagruéliques, que Noël commémore la naissance d’un petit garçon né autrefois sur la paille – au sens propre comme au sens figuré ?
Parce que la fête n’appartient pas, comme le passage du Père Noël ou l’arrivée des cloches de Pâques, à notre mémoire commune ? Souvenez-vous… la première fois que vous avez vu des gnomes déguisés frapper aux portes, ça ne serait pas dans E.T. ou dans Gremlins, quand vous étiez enfant ou bien adolescente ? Ca n’aurait pas déjà un goût de petite madeleine ça ?
Parce que c’est une fête définitivement… de mauvais goût ? Que vous réprouvez l’utilisation à outrance du violet et du orange, des araignées géantes, des têtes de mort aux yeux qui clignotent et du slime - vous savez bien, cette pâte visqueuse et glaciale vert fluo ? Les enfants adorent, vous détestez (une raison de plus d’aimer, pour eux !).
Parce que justement, toute cette imagerie morbide, squelettes, sorciers, fantômes et autres morts-vivants, vous répugne ? Elle est à mettre en lien, on l’a vu, avec l’origine religieuse de la fête ; et si elle fascine autant les enfants, c’est aussi parce qu’elle évoque leurs questions sur ces sujets, et qu’elle leur donne l’occasion d’apprivoiser leurs peurs. L’effet train fantôme, le frisson délicieux sans le risque : c’est « pour de rire ».
Et puis, Halloween, c’est aussi l’occasion :
de se déguiser, et ce n’est pas si souvent (quand, à part au Carnaval ?), plaisir redoublé si les parents jouent le jeu, et se maquillent à leur tour.
de rencontrer l’autre, copains costumés, voisins accueillants, passants amusés : une fête qui ne se limite pas, exceptionnellement, au cercle familial.
de jouer à se faire peur, et à faire peur à l’adulte – une fois n’est pas coutume, et quelle jubilation !
d’une transgression autorisée, sonner aux portes, réclamer - on ne demande pas quand on est un enfant bien élevé…
de faire le plein de gourmandises… Comment résister à ça ? Alors, Trick or treats ?